PAIX ET DROITS HUMAINS – MIEUX ENSEMBLE

 

Quand j’ai lu le thème de cette conférence, j’ai eu quelques pensées, et j’aimerais vous emmener avec moi dans le dédale de mes réflexions.

Quand on parle de paix… c’est qu’il y a eu guerre.

Quand on parle de droits humains… c’est qu’ils ont été bafoués.

Et quand il a fallu rédiger une Déclaration universelle pour rappeler que chaque être humain a une dignité inaliénable… c’est que l’humanité venait de toucher le fond. C’était en 1948, au lendemain de l’horreur. La Déclaration universelle des droits de l’homme n’est pas née d’un élan d’optimisme — elle est née des cendres de la Seconde Guerre mondiale, des camps, des millions de morts. Elle a été écrite pour que plus jamais cela ne se reproduise.

Plus jamais.

Et pourtant, 77 ans plus tard, où en sommes-nous ?

Selon le Peace Research Institute Oslo, 2024 a enregistré 61 conflits armés actifs dans 36 pays — un record depuis 1946. Le plus grand nombre de conflits depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Et selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, 123 millions d’êtres humains sont aujourd’hui déplacés de force. Une personne sur 67 sur cette planète a dû fuir son foyer.

Alors je me pose la question — et je vous la pose : avons-nous vraiment avancé ?

Et puis une autre question me vient, plus inconfortable encore.

Que connaissons-nous vraiment de la guerre ? Qui sommes-nous, ici dans cette salle, pour proposer des solutions à des conflits créés et motivés par des stratégies qui nous échappent complètement ?

Soyons honnêtes : même les protagonistes des conflits ne comprennent qu’une partie du jeu — la leur.

Par quel bout pourrions-nous, à notre échelle, commencer à changer quelque chose ?

Moi, à mon niveau, que puis-je faire ?

Nous, comme association, quelle écoute avons-nous auprès de ceux qui jouent avec la vie de millions de personnes ?

On voit bien que même au plus haut niveau des négociations — celles qui se déroulent en ce moment sur le conflit entre la Russie et l’Ukraine — tout peut s’enliser à tout moment, pour des motifs et des intérêts que nous ne comprenons pas.

Le monde est un écosystème fragile. C’est déjà un miracle qu’il tienne encore debout.

Et s’il tient… c’est peut-être parce qu’une poignée d’entre nous, un peu partout, tentons de faire bouger les choses. Sans prétention. Sans donner de leçons. Juste en étant là.

Parce qu’au fond, il suffit parfois de peu. Un peu d’aide. Un peu de compassion. Un peu d’éducation.

D’ailleurs, l’éducation… c’est peut-être le seul levier que nous ayons vraiment.

La compréhension des droits humains peut changer des vies. Elle peut même en sauver. Avez-vous déjà considéré cela ?

Avez-vous déjà songé aux personnes à qui vous avez changé la vie — simplement parce que vous étiez là, à faire ce que vous faisiez ?

Peut-être que la paix mondiale doit se jouer à un tout autre niveau que celui des sommets et des traités.

Oui, bien sûr, les réformes viendront aussi d’en haut — en s’adressant à des dirigeants dont on espère que le bon sens sera la principale qualité.

Mais la paix, la vraie, celle qui dure… elle se construit aussi par le bas. Elle naît quand des populations entières prennent conscience de leurs droits. De ces droits inaliénables qu’elles possèdent par le simple fait d’être humaines.

Un être humain qui connaît ses droits ne se laisse plus piétiner en silence. Il se relève. Il parle. Il transmet.

Et c’est là, peut-être, que nous avons un rôle à jouer. Pas dans les négociations de paix. Pas dans les couloirs du pouvoir. Mais sur le terrain. Dans les écoles. Dans les villages. Dans les regards de ceux à qui on rappelle qu’ils ont une dignité.

René Cassin, principal rédacteur de la Déclaration universelle et Prix Nobel de la Paix, écrivait : « Il n’y aura pas de paix sur cette planète tant que les droits de l’homme seront violés en quelque partie du monde que ce soit. »

C’est modeste, ce que nous faisons. Mais c’est réel.

Et si chacun d’entre nous, dans cette salle, continue à faire ce travail… alors peut-être que le « plus jamais » de 1948 a encore une chance.

Maurizio Pellitteri
Président – JDH